walking with satellites

« Walking with satellites » est le résultat d’un travail mené pendant trois semaines par l’artiste Jeremy Wood, avec la collaboration de 65 étudiants dotés de receveurs GPS. Elle est à la fois outil d’orientation et récit d’une expérience collective. 475 kilomètres ont été parcourus à pied sur les 185 hectares du campus en évitant les chemins déjà tracés. Routes et bâtiments ont disparu, remplacés par des boucles et des frises. Sous la conduite de Jeremy Wood, le campus grenoblois a révélé sa texture inédite et fragile, faite de va-et-vient, de remords, de rêveries et de vagabondages. Si le recto souligne l’appartenance du campus dans la ville par le franchissement de l’Isère ou la présence discrète du bâti, la carte imprimée au verso renvoie à une forme flottante, presque primitive et animale, qui surgirait du fond de la préhistoire. Etonnante rencontre de la technologie la plus coûteuse avec une mémoire sans langage renvoyant au plus archaïque de notre humanité.

 

La carte imprimée a-t-elle encore du sens à l’âge du numérique ? La disponibilité des signaux numériques, l’exigence de données ajustées en temps réel, l’omniprésence des téléphones devenus ordinateurs-écrans-boussoles, autant de facteurs souvent tenus pour une condamnation du papier. Nous savons désormais qu’aucune carte n’est vraie, parfaitement exacte, définitive. Comme les traductions des grands textes, sans cesse remises sur le métier, la cartographie est une traduction parmi d’autres, éternellement lacunaire et obsolète. Les artistes n’ont jamais visé la neutralité ni l’exhaustivité. Leur pratique du territoire est par principe refus du standard, choix d’une lecture personnelle, appel à poser un regard différent sur des paysages qu’on croyait bien connus. Mappages rassemble des pratiques d’artistes qui voient dans la production de cartes un moyen d’expression plus qu’un outil d’orientation ; une revanche sur la prétention des cartes exactes et absolues ; un appel à la « carte du jour d’après », celle qui viendrait compléter l’expérience d’un territoire jamais définitivement documenté. Le recours au terme ancien de « mappe » et la référence à l’étymologie de la « nappe » et du « nappage » témoignent d’une modernité renouvelée. Mappages : jamais les cartes imprimées n’ont été aussi actuelles.

Mappages : Directeur de collection : Guillaume Monsaingeon

ISBN 978-2-9516858-2-6

Prix de vente public : 5 €

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Cherchez le murmure

Poète et plasticienne, Marie Chéné joue avec les syllabes et les sons. Elle s’attache aux mots et aux fragments de phrases « déjà-là » ou « déjà écrits » pour mieux en souligner les richesses. Son intérêt pour les lieux dans lesquels nous vivons l’a conduite à collectionner les toponymes. Lieux-dits et noms de communes, rivières, îles, plaques de rues, Marie Chéné découpe ou recompose les mots afin d’en déployer la fragilité. 

Contre nos regards banalisés, Marie Chéné organise la rencontre joyeuse entre les cartes géographiques et l’espace du poème. Durant l’été et l’automne 2016, la poète et plasticienne Marie Chéné a repéré divers lieux d’écho en Isère à l’invitation de paysage>paysages. Elle les a testés et parlés, elle a écrit pour les parois. Lancez ses paroles à l’écho, il les complétera. Commencez une phrase, l’écho la finira pour vous : “Cherchez le mur” complété par l’écho donnera “ Cherchez le murmure ”, “ À petite dose ” deviendra “ À petite dose, ose ” et, dans un lieu où l’écho est plus long, “ Jamais l’étonnement ” se transformera en “ Jamais l’étonnement ne ment ”. Les paysages sont aussi faits de mots, de noms propres ou communs, de phrases qui tentent de dire nos émotions.

La carte imprimée a-t-elle encore du sens à l’âge du numérique ? La disponibilité des signaux numériques, l’exigence de données ajustées en temps réel, l’omniprésence des téléphones devenus ordinateurs-écrans-boussoles, autant de facteurs souvent tenus pour une condamnation du papier. Nous savons désormais qu’aucune carte n’est vraie, parfaitement exacte, définitive. Comme les traductions des grands textes, sans cesse remises sur le métier, la cartographie est une traduction parmi d’autres, éternellement lacunaire et obsolète. Les artistes n’ont jamais visé la neutralité ni l’exhaustivité. Leur pratique du territoire est par principe refus du standard, choix d’une lecture personnelle, appel à poser un regard différent sur des paysages qu’on croyait bien connus. Mappages rassemble des pratiques d’artistes qui voient dans la production de cartes un moyen d’expression plus qu’un outil d’orientation ; une revanche sur la prétention des cartes exactes et absolues ; un appel à la « carte du jour d’après », celle qui viendrait compléter l’expérience d’un territoire jamais définitivement documenté. Le recours au terme ancien de « mappe » et la référence à l’étymologie de la « nappe » et du « nappage » témoignent d’une modernité renouvelée. Mappages : jamais les cartes imprimées n’ont été aussi actuelles.

 Mappages : Directeur de collection : Guillaume Monsaingeon

ISBN 978-2-9516858-4-0

Prix de vente public : 5 €

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Courbures du Drac et de l’Isère

Ingrid Saumur a suivi plusieurs semaines les berges du Drac et de l’Isère à pied et en vélo. En explorant ce territoire à l’invitation de paysage>paysages, elle entendait révéler les fonds de vallée trop souvent négligés : après tout, si les sommets remarquables s’imposent à notre contemplation, ce sont bien les cours d’eau qui les ont forgés! Pour sa collecte initiale, l’artiste a élargi le relevé cartographique traditionnel et recouru au croquis, au carnet de notes, aux rencontres et à la photographie. Elle a ensuite choisi de redresser le cours des eaux, taillant à vif dans le relevé cartographique pour n’en conserver que trois tronçons. Les deux rivières sont devenues lignes, courbures, fragments enchaînés inventant une nouvelle topographie.

La carte imprimée a-t-elle encore du sens à l’âge du numérique ? La disponibilité des signaux numériques, l’exigence de données ajustées en temps réel, l’omniprésence des téléphones devenus ordinateurs-écrans-boussoles, autant de facteurs souvent tenus pour une condamnation du papier. Nous savons désormais qu’aucune carte n’est vraie, parfaitement exacte, définitive. Comme les traductions des grands textes, sans cesse remises sur le métier, la cartographie est une traduction parmi d’autres, éternellement lacunaire et obsolète. Les artistes n’ont jamais visé la neutralité ni l’exhaustivité. Leur pratique du territoire est par principe refus du standard, choix d’une lecture personnelle, appel à poser un regard différent sur des paysages qu’on croyait bien connus. Mappages rassemble des pratiques d’artistes qui voient dans la production de cartes un moyen d’expression plus qu’un outil d’orientation ; une revanche sur la prétention des cartes exactes et absolues ; un appel à la « carte du jour d’après », celle qui viendrait compléter l’expérience d’un territoire jamais définitivement documenté. Le recours au terme ancien de « mappe » et la référence à l’étymologie de la « nappe » et du « nappage » témoignent d’une modernité renouvelée. Mappages : jamais les cartes imprimées n’ont été aussi actuelles.

Mappages : Directeur de collection : Guillaume Monsaingeon

ISBN 978-2-9516858-3-3

Prix de vente public : 5 €

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Le paysage, mots pour mots

Le philosophe Daniel Bougnoux commente ainsi cette expérience troublante d’une exposition où les images ne sont présentes que dans notre propre imagination mentale : Exposer seulement des mots dans un musée, et à cette échelle, quel défi ! Ce jeu d’emboîtements, et de renvois, nous dit quelque chose sur nos façons d’appréhender et de manier le vaste monde qui nous environne. Jamais les mots ne nous donneront l’équivalent de la chose vue, le lisible ne fait pas jeu égal avec le visible ; et nul tableau, circonscrit dans son cadre, ne couvrira le bouquet des sensations visuelles, auditives, tactiles, olfactives…, noué par un paysage. La carte (sémiotique) n’est pas le territoire.  Mais le propre de l’art, ou déjà d’une parole, n’est pas de représenter un monde, mais de le suggérer, de le réduire à une esquisse capable de mettre à feu une chaîne de pensées ou de sensations. La mèche lente des mots embrase nos images mentales…

Sur chacun des huit murs de l’allée centrale du musée de Grenoble sont imprimés des couples de textes :

Le premier est un fragment appartenant à la littérature mondiale et choisi par l’un des auteurs invités, écrivain ou philosophe : Daniel Bougnoux, Patrick Chamoiseau, Christian Garcin, François Jullien, Jacques Lacarrière, Marie-Hélène Lafon, Céline Minard, Alain Roger.

Le second texte est un rebond écrit aujourd’hui par cet auteur et qui argumente son choix : Pourquoi de ma bibliothèque mentale retenir ce fragment : puissance d’une description, arrogance d’une proposition, remise en question radicale de nos certitudes à propos du paysage ? Et la luxuriance des sensibilités des auteurs choisis affine notre compréhension de ce qui fait qu’un paysage émerge et s’impose à nous : Jean Giono, Stendhal, Aragon, Héraclite, Balzac, Aimé Césaire, Mario Rigoni Stern, Oscar Wilde. Ce dernier prophétisait : “De nos jours, les gens voient les brouillards, non parce qu’il y a des brouillards, mais parce que peintres et poètes leur ont appris la mystérieuse beauté de tels effets. Sans doute des brouillards ont pu exister pendant des siècles à Londres. C’est infiniment probable, mais personne ne les voyait, de sorte que nous n’en savions rien. Ils n’existèrent qu’au jour où l’art les inventa“.