Alors que nous sommes témoins de l’effondrement des populations animales, il nous semble urgent de documenter et symboliser l’apport des animalités dans l’humanisation de l’humanité.
Par observation et par imitation, l’humanité a accédé à une intensité animale des sensations qui complète les nôtres. Les peintures des grottes de Lascaux ou de Chauvet témoignent des lointains de cette complicité dynamique. Sauvages ou domestiqués, les animaux ont élargi la conscience et les perceptions de l’humanité et ce serait une régression épouvantable d’accepter le partage du monde entre l’industrialisation des animaux « utiles » et un désert écosystémique généralisé.
Pour gagner en qualité de vie, il nous faut recomposer les sociétés humaines afin de faciliter le séjour, l’épanouissement et le déplacement des animalités, c’est-à-dire d’assembler avec soin des enchevêtrements de spatialités et de temporalités qui ne se plient pas aux intérêts et aux projets humains. Il ne s’agit pas de préserver des enclaves, des zoos ou des banques génétiques, mais de réinventer une société accueillante pour ce réservoir de vivacités qui nous échappent, condition nécessaire d’une humanité vivace et prometteuse.
Car les animaux participent à la stabilité des sociétés humaines par leurs travaux, leur affection, l’irréductibilité de leurs comportements. Ils forment l’humus nécessaire à l’humanisation de l’humanité.
Notre initiative, dont la forme est encore confidentielle, associera de nombreux auteurs, en croisant les approches de praticiens de l’élevage, de bergers, de dresseurs, d’artistes et de chercheurs afin de construire des symbolisations partageables publiquement avec le plus grand nombre.